Cellules Communistes Combattantes

La flèche et la cible

 

31. L’action des Cellules Communistes Combattantes surprit le mouvement révolutionnaire européen et lui sembla inespérée parce que sortant toute achevée du néant.

Le silence de l’organisation depuis vos arrestations apparaît comme tout aussi inhabituel.

Qu’en est-il exactement des Cellules Communistes Combattantes?

«Ce qu’il en est» des Cellules Communistes Combattantes en 1984/85 peut être récapitulé par une formule connue dont nous n’aimons pas beaucoup le terme: il s’agit d’une organisation de «seconde génération» dans le nouveau mouvement révolutionnaire européen.

A la différence des grandes organisations qui ont été portées par la vague des années 60 et dont l’apparition au début des années 70 a établi la reprise de la lutte révolutionnaire en Europe de l’Ouest (nous pensons à la RAF, aux B.R., au PCE(r) et aux GRAPO...), les Cellules se sont constituées alors que le mouvement avait déjà accumulé une somme considérable d’expériences dont elles ont pu tirer force et profit.

Là réside l’unique et véritable explication des qualités de notre organisation... comme d’ailleurs sans doute une des causes de sa fragilité.

On peut en tirer un double enseignement.

Primo, que la lutte fait toujours progresser la lutte, non seulement dans ses aspects victorieux mais aussi à travers ses tâtonnements, ses erreurs, ses échecs.

Le mouvement révolutionnaire ne doit pas être «surpris”: il a une part de paternité vis-à-vis des Cellules !

Dans ce sens, nous croyons aussi que l’expérience de lutte de 1984/85 contribuera inévitablement tôt ou tard à la reprise concrète de l’initiative révolutionnaire dans notre pays.

Secundo, qu’il faut savoir appliquer correctement les indications fournies par une expérience particulière - avec son propre cadre objectif, social, historique - dans une autre situation à un autre endroit et un autre moment.

Nous pensons qu’un manque de vigilance à ce niveau est sans doute une des causes de la déviation militariste de notre organisation, déviation qui la rendit excessivement vulnérable à la répression.

Avant même la gestation des Cellules Communistes Combattantes dès 1983, les expériences des camarades allemands, italiens et d’ailleurs avaient déjà fait l’objet de nombreuses discussions et analyses, ce qui permit à notre organisation d’acquérir en assez peu de temps (du point de vue organisationnel s’entend, nous ne parlons pas ici de l’ancienneté de l’engagement politique des militants ayant animé la gestation et présidé à la fondation des Cellules) une maturité pour laquelle une décennie avait été nécessaire dans d’autres circonstances.

Mais cette maturité, ce caractère achevé de l’action de notre organisation dès ses premières manifestations publiques n’éliminait en rien cette loi qui veut qu’une lutte de guérilla soit la plus vulnérable au cours de sa période d’implantation.

Cette maturité, ce caractère achevé n’empêchait pas que les Cellules restaient très faibles et fragiles parce que jouissant d’un enracinement social excessivement restreint et de bien peu d’expérience propre.

Il n’y a donc pas de contradiction entre la faiblesse et la fragilité initiales des Cellules Communistes Combattantes (qui ont toujours été parfaitement claires à ce sujet dans leur expression) et le caractère mûr et compétent qu’elles pouvaient présenter à l’extérieur (entre autres par l’intensité et la qualité de leur activité militaire, fruit d’une préparation autonome soignée au cours d’une coopération mutuellement profitable avec Action Directe notamment).

Rappelons pour conclure que les Cellules ont aussi pu apparaître à première vue bien plus puissantes qu’elles ne l’étaient, en raison de l’importance exagérée accordée en 1984/85 au travail militaire - c’est-à-dire à une activité apparente, fortement médiatisée - par rapport au travail politico-structurel clandestin, et nous pensons ainsi avoir répondu à la question.